D. UN ENJEU D'ATTRACTIVITÉ ET D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

1. Des établissements qui reflètent l'image d'une collectivité

L'intérêt de l'école en termes de rayonnement d'une commune a été mis en valeur lors du déplacement de la mission d'information en Meurthe-et-Moselle, le 13 avril 2023.

La mairie de Richardménil reçoit ainsi des demandes d'inscription de parents d'élèves résidant dans des communes proches, car la nouvelle école plaît beaucoup : un établissement offrant un cadre épanouissant aux élèves et aux enseignants constitue un élément d'attractivité pour un territoire.

De même, la visite du collège Simone Veil de Saint-Renan, dans le Finistère, a mis en évidence les nombreux attraits que présente cet établissement, inauguré en novembre 2021, qu'il s'agisse de la conception des locaux, de la diversité des installations sportives ou de la qualité des espaces communs et des aménagements extérieurs (piste cyclable, arrêts de car, stationnements...).

Le collège Simone Veil de Saint-Renan : une approche environnementale résolue pour un bâtiment modulable, desservant huit communes du Pays de Brest

Le Conseil départemental du Finistère a fait le choix d'une construction neuve de préférence à la réhabilitation de l'ancien collège datant des années 1970.

L'espace est organisé par regroupements thématiques : locaux administratifs, CDI, restaurant scolaire, foyer, pôle vie scolaire et espace santé au rez-de-chaussée, salles de classe au premier étage, salles spécialisées (matières scientifiques et artistiques) au second étage.

Le bâtiment présente les caractéristiques suivantes :

- une démarche HQE (haute qualité environnementale) : il s'agit d'un établissement passif, lumineux, répondant aux normes d'accessibilité et avec de faibles consommations en énergie et en eau ;

- une construction compacte (R+2), ce qui limite la superficie des toitures et des fondations, à l'opposé des bâtiments de plain-pied, en R+1 ou éclatés qui, courants dans les années 1980, généraient des surcoûts ;

- un aménagement intérieur facilement modulable en fonction des besoins, par déplacement, retrait ou ajout de cloisons.

Cet enjeu spécifique a été mis en lumière à propos des établissements d'enseignement français à l'étranger, auxquels la mission d'information s'est intéressée à l'initiative de ses membres représentant les Français établis hors de France. Ces établissements scolarisent des Français, mais aussi des jeunes originaires des pays d'implantation et des élèves de nationalités tierces : ils entrent ainsi en concurrence avec d'autres établissements, internationaux ou locaux.

Selon le directeur général de l'AEFE, « le bâti est en effet un élément de concurrence important »97(*), ce qui implique d'investir non seulement dans la construction de nouveaux établissements, mais aussi dans la rénovation et la complémentarité de l'offre : « Nos lycées participent de l'image de la France à l'étranger ». La qualité environnementale des bâtiments est appréciée des élèves, « très attentifs aux questions environnementales et mobilisés sur ces sujets », même si « les gens sont surtout attentifs à (la) dimension écologique d'un bâtiment lorsque la construction est neuve ».

Pour le directeur général de la Mission laïque française, « la conscientisation de la question environnementale dans les différents pays (...) conditionne les exigences des familles et des élèves dans ce domaine » : la qualité environnementale des établissements peut donc être un élément d'attractivité. Aussi, la dimension environnementale est au coeur du futur projet de construction d'un centre de technologie et d'innovation intégrant un établissement neuf à Séville. Le choix a également été fait de privilégier les circuits courts pour la construction de ce centre, afin de faire face à d'éventuels problèmes d'approvisionnement.

Par ailleurs, la prise en compte du confort d'été est un atout évident pour l'attractivité de ces établissements, comme le montre l'exemple du lycée français de Lisbonne précédemment évoqué.

2. Bâtiments scolaires et aménagement du territoire

Les auditions et déplacements de la mission d'information ont confirmé que les projets de construction ou de rénovation d'établissements scolaires s'accompagnent souvent d'une réflexion sur la place de l'école au sein du quartier : il s'agit ainsi de faire de « l'école la capitale du quartier », pour reprendre l'expression de Pierre-Marie Ganozzi, adjoint au maire de Marseille lors de la visite du chantier de l'école des Lauriers.

Dans le même esprit, la construction de l'école Isabelle Autissier à Gouesnou, dans le Finistère, qui ouvrira ses portes en septembre 2023, s'inscrit dans une ambition de dynamisation du centre-bourg et d'un vaste projet de renouvellement urbain.

Un exemple de construction neuve : l'école Isabelle Autissier de Gouesnou (Finistère)

Le projet répond à un double objectif : être exemplaire sur le plan environnemental et énergétique et s'inscrire dans le « coeur de ville », avec certains espaces accessibles aux habitants en dehors des temps scolaires (cour de récréation de l'école élémentaire et salle de spectacle d'une centaine de places).

Le choix d'une construction nouvelle s'est imposé de préférence à la réhabilitation de l'ancienne école dont le bâtiment, datant d'une cinquantaine d'années, comprenait des matériaux polluants dont la dépose aurait été complexe. De plus, l'accroissement démographique imposait un effort en termes de capacités d'accueil. Rénover l'ancien bâtiment aurait impliqué de déplacer les enfants dans d'autres locaux pendant les travaux, ce qui aurait accru la complexité et le coût des travaux.

L'école Isabelle Autissier sera le premier bâtiment en Bretagne à atteindre le niveau E4C1, très élevé, du label E+C- grâce à l'utilisation de matériaux biosourcés pour décarboner le bâtiment et améliorer la qualité de l'air : peintures à base de solvants naturels (amidons de maïs ou algues), revêtements de sol naturels (en linoléum à base de lin), charpente en bois conçue à partir de forêts durables, etc. Les panneaux photovoltaïques disposés sur la toiture permettront à la nouvelle école de Gouesnou de produire de l'électricité dans une logique d'autoconsommation collective locale.

Cette vision se retrouve également dans le projet porté par l'équipe municipale de Rosières-aux-Salines, qui a privilégié la rénovation de l'école existante implantée en centre-ville, dans le cadre d'une politique de revitalisation du coeur de village, plutôt que de procéder à la construction d'un bâtiment neuf excentré - malgré les complexités qu'engendre une rénovation en site occupé.

Un exemple de projet de rénovation globale : l'école maternelle du vieux moulin à Rosières-aux-Salines (Meurthe-et-Moselle)

Les travaux de rénovation énergétique de l'école maternelle du vieux moulin sont l'occasion d'une réhabilitation globale du bâtiment et d'une réflexion pour répondre aux besoins des équipes pédagogiques.

Outre des performances énergétiques faibles, une étude sur la qualité de l'air a démontré que les concentrations de CO2 étaient trois fois supérieures à la norme. Les systèmes électriques et de sécurité incendie nécessitaient des travaux, tout comme la toiture du bâtiment. Ce dernier manquait d'accessibilité pour les personnes à mobilité réduite.

L'équipe pédagogique a également fait part d'un manque d'espace ; une étude ergonomique des postes de travail des ATSEM préconisait la mise en place de vestiaires, d'une salle de repos et une manipulation plus ergonomique des lits de siestes des enfants. Enfin, les blocs sanitaires étaient vétustes.


* 97 Compte rendu du 22 mars 2023.