II. LA PRÉPARATION DE L'AVENIR REPOSE SUR D'AMBITIEUX PROJETS DONT LA MISE EN oeUVRE N'EST PAS EXEMPTE DE RISQUES

A. LA POURSUITE DE LA PHASE DE PRÉPARATION DU PORTE-AVIONS DE NOUVELLE GÉNÉRATION

L'année 2022 sera marquée par la poursuite du programme de porte-avions de nouvelle génération (PANG) destiné à succéder au Charles de Gaulle, dont le retrait du service est prévu en 2038.

Ce programme entre aujourd'hui dans sa phase de préparation, qui vise notamment à consolider le besoin militaire et à définir les caractéristiques du projet (fonction, performances, contenu physique, calendrier, coûts), l'architecture capacitaire ou encore l'organisation industrielle. Cette phase de préparation a été notifiée aux industriels Naval Group, Technic Atome et les Chantiers de l'Atlantique en mars 2021 pour une durée de deux ans. Le major général de la marine nationale a indiqué en audition que la marine nationale était « plus que confiante » quant à l'architecture industrielle du projet.

Le rapporteur spécial partage en partie cette confiance, puisque le choix de la propulsion nucléaire, officialisé par le président de la République le 8 décembre 2020 constitue une avancée incontestable. Le PANG sera ainsi équipé de deux chaufferies de type K22 en filiation étroite avec les chaufferies de la famille K15 équipant les sous-marins et l'actuel porte-avions. Le rapporteur spécial rappelait l'an dernier que la propulsion nucléaire, même si elle est plus coûteuse , comporte d'importants avantages 23 ( * ) . Elle permet une plus grande autonomie stratégique, une vitesse de déploiement (permettant par exemple d'atteindre l'Océan indien sans escale) et une vitesse tactique (permettant de s'éloigner d'une menace) supérieures aux propulsions conventionnelles. En outre, elle limite l'accompagnement logistique nécessaire à l'approvisionnement pétrolier. Enfin, elle permet le maintien des compétences industrielles (singulièrement celles de Technic Atome) et opérationnelles françaises en matière de propulsion nucléaire, ce qui constitue incontestablement un renforcement de notre autonomie stratégique.

La question de la technologie de catapulte constitue également un enjeu important pour le projet. La technologie américaine de catapulte électromagnétique (EMALS) apparait comme la solution technologique la plus adaptée, préférable à la catapulte à vapeur dont la technologie est vouée à disparaitre d'ici la mise à l'eau du prochain porte-avions. Des essais de cette technologie sont prévus en 2023-2024 (catapultage de Rafale avec catapulte électromagnétique sur porte-avions américain). Cette solution permet une plus grande interopérabilité entre alliés - notamment avec les États-Unis, mais pourrait également poser un problème d'autonomie stratégique en raison de sa conception américaine.

Enfin, le coût du PANG, de l'ordre de 4,5 milliards d'euros sur 10 ans, constitue un indéniable facteur de risque, puisqu'il représentera plus de 1 % du budget annuel des armées sur la fin de la LPM.

Surtout, le PANG devra être pleinement articulé avec le projet de système de combat aérien du futur (SCAF).


* 23 Rapport général n° 138 (2020-2021) de M. Dominique de Legge, fait au nom de la commission des finances, déposé le 19 novembre 2020.

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