B. LES CRÉDITS BUDGÉTAIRES CONSACRÉS AUX PERSONNES HANDICAPÉES
Les
crédits budgétaires consacrés aux handicapés et
inscrits au budget de l'Etat sont principalement situés dans le
fascicule consacré à la solidarité et à la
santé ; certains crédits sont également inscrits dans le
budget consacré à l'emploi.
Les crédits relevant du bleu " solidarité et
santé " sont inclus cette année sous un nouvel
agrégat plus global que les années précédentes
intitulé "
développement social
" : avant le
budget pour 1999, les dotations budgétaires en question étaient
regroupées sous l'agrégat
" politique en faveur des
personnes âgées et des personnes handicapées "
d'un montant total de 30 milliards de francs au total en 1998 et qui
comprenait six chapitres.
En 1999, cette présentation est légèrement modifiée
: les crédits concernant les personnes handicapées et les
personnes âgées sont intégrés dans un agrégat
plus général qui est composé au total de 14 chapitres,
parfois hétérogènes (objection de conscience, aide
à l'enfance, professions sociales, etc.), qui représentent un
montant de 35,3 milliards de francs.
Cette nouvelle présentation permet de mieux distinguer, au sein des
crédits " solidarité ", ce qui relève de la
lutte contre l'exclusion sociale de ce qui a trait aux diverses mesures d'aide
et de développement social.
Toutefois, elle rend moins lisible la lecture de l'évolution des
crédits qui concerne la population handicapée, ce qui relance la
réflexion sur
la création d'une annexe spécifique
(jaune budgétaire)
qui récapitulerait l'ensemble des moyens
consacrés à l'intégration des personnes
handicapées
.
Evolution des crédits de solidarité
en
faveur
des personnes handicapées depuis 1995
(en francs)
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
PLF 1999 |
Prise en charge par l'Etat des CAT (46-23 art. 10) |
5.293.974.045 |
5.590.197.045 |
5.844.777.365 |
6.039.500.000 |
6.235.510.000 |
Tutelle
et curatelle d'Etat
|
328.660.000 |
374.000.000 |
435.500.000 |
515.000.000 |
571.500.000 |
Allocations et prestations diverses
en faveur des personnes
handicapées
|
|
|
|
|
40.200.000 |
Aide sociale en faveur des personnes handicapées (46-23 art. 90) |
84.418.000 |
85.750.000 |
98.000.000 |
102.100.000 |
112.400.000 |
Contribution de l'Etat au financement de l'AAH (46-92 art. 10) |
20.081.000.000 |
20.764.000.000 |
22.260.000.000 |
23.389.000.000 |
24.569.000.000 |
Actions
sociales en faveur des personnes handicapées Actions nationales et
déconcentrées
|
151.965.940 |
164.615.940 |
147.075.000 |
145.850.000 |
145.850.000 |
Subventions d'équipement
|
85.000.000 |
85.000.000 |
56.214.000 |
46.500.000 |
38.600.000 |
TOTAL |
26.090.464.185 |
27.127.762.985 |
28.893.766.365 |
30.319.450.000 |
31.713.060.000 |
Evolution |
+ 6,82 % |
+ 3,98 % |
+ 6,51 % |
+ 4,93 % |
+ 4,6 % |
S'agissant des crédits affectés aux services du ministère de l'emploi et de la solidarité, il est utile d'ajouter, pour être exhaustif, les dotations inscrites sur le bleu budgétaire relatif à l'emploi qui fait l'objet de l'avis de notre collègue, M. Louis Souvet.
Crédits relatifs à l'emploi des personnes handicapées depuis 1995
en millions de francs
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
PLF 1999 |
Aide aux
travailleurs handicapés
|
45,50 |
45,50 |
38,67 |
49,17 |
49,00 |
Ateliers
protégés
|
125,15 |
129,65 |
143,50 |
145,32 |
155,05 |
EPSR
|
60,94 |
42,07 |
50,00 |
53,38 |
55,00 |
Investissement des ateliers
protégés
|
19,20 |
22,20 |
11,45 |
4,00 |
0,00 |
Sous-total |
250,79 |
239,42 |
243,62 |
251,87 |
259,05 |
Garanties de ressources (1) |
4.420,06 |
4.782,51 |
4.712,50 |
4.981,60 |
5.199,51 |
TOTAL |
4.670,85 |
5.021,93 |
4.964,37 |
5.233,47 |
5.458,56 |
(1)
La garantie de ressources prise en charge par le budget de l'Etat correspond
aux travailleurs employés en CAT ou en ateliers protégés ;
l'AGEFIPH assure le financement de la garantie de ressources en milieu
ordinaire.
En définitive, ce sont donc
37,17 milliards de francs
qui
sont mis en oeuvre dans le budget de l'emploi et de la solidarité en
faveur des personnes handicapées.
Ces crédits budgétaires peuvent être déclinés
sur trois axes : garantir un minimum de ressources, assurer un accueil en
établissement, faciliter l'accès à l'emploi.
1. Garantir un minimum de ressources : l'allocation aux adultes handicapés (AAH)
L'allocation aux adultes handicapés (AAH), prestation
non
contributive, soumise à condition de ressources, est un minimum social
garanti par la collectivité nationale à toute personne reconnue
handicapée par la
commission technique d'orientation et de
reclassement professionnel
(COTOREP). L'allocataire doit justifier d'un
taux d'incapacité permanente d'au moins 80 %. En application de
l'article 95 de la loi de finances pour 1994, l'AAH est également
versée aux personnes handicapées qui sont, en raison de leur
handicap, dans l'incapacité de se procurer un emploi et qui justifient
d'un taux minimal d'incapacité de 50 % et inférieur à 80 %.
L'AAH n'est pas encadrée par des critères de revalorisation
propres, mais évolue, aux termes de l'article D. 821-3 du code de la
sécurité sociale, comme le minimum vieillesse. Ainsi, au
1
er
janvier 1998, le montant de l'AAH a été
porté à
3.470,91 francs
, soit une revalorisation de
1,1 %. Les ressources personnelles du titulaire de l'AAH ne doivent pas
dépasser 42.193 francs par an (3.516 francs par mois) s'il
s'agit d'une personne seule et 84.386 francs par an (7.032 francs par
mois) s'il s'agit d'un couple marié.
Il existe également une allocation dite " complément
d'AAH " versée aux personnes handicapées à plus de 80
% et vivant à leur domicile, afin de couvrir les dépenses
supplémentaires à engager pour les adaptations nécessaires
à une vie autonome. Le montant du complément d'AAH est de
555 francs par mois.
L'AAH et son complément représentent un engagement de
24,57 milliards de francs
pour le ministère de l'emploi et
de la solidarité dans le projet de budget pour 1999. Les mêmes
crédits s'élevaient à 23,4 milliards de francs en
1998, soit une
progression significative de 5,05 %.
Cette augmentation des crédits recouvre non seulement une hausse des
effectifs mais également une provision pour la revalorisation de
1,2 % du montant de l'allocation qui interviendra au
1
er
janvier 1999.
Il est à noter que le minimum vieillesse a été
revalorisé de 2 % par le projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 1999, ce qui devrait avoir une incidence
sur le coût de l'AAH.
2. Accueillir les handicapés dans des structures adaptées
a) L'accueil sur des lieux de travail adaptés
Deux
types d'établissements, les centres d'aide par le travail (CAT) et les
ateliers protégés -financés respectivement par les
crédits de la solidarité et ceux de l'emploi-, permettent aux
personnes handicapées de travailler dans une structure
spécialisée.
•
Les centres d'aide par le travail (CAT)
Dans le cadre du plan pluriannuel de financement (1999-2003) prévu en
faveur des personnes handicapées, le Gouvernement a mis en place les
crédits budgétaires pour accroître de
2.000
unités
en 1999 le nombre de places de CAT.
On rappellera que les CAT sont des établissements qui ont pour
vocation d'offrir aux adultes handicapés qui ne peuvent,
momentanément ou durablement, travailler ni dans les entreprises
ordinaires, ni dans un atelier protégé ou pour le compte d'un
centre de distribution de travail à domicile, ni exercer une
activité professionnelle indépendante, des possibilités
d'activités diverses à caractère professionnel, un soutien
médico-social et éducatif et un milieu de vie favorisant leur
épanouissement personnel et leur intégration sociale.
Les centres sont créés sur autorisation du préfet,
donnée après avis du
comité régional de
l'organisation sanitaire et sociale (CROSS)
. Ils sont habilités par
le préfet à recevoir des bénéficiaires de l'aide
sociale de l'Etat dans le cadre d'une convention.
L'accès d'un handicapé à un CAT est subordonné
à trois conditions :
-
être orienté par la commission technique d'orientation et
de reclassement professionnel (COTOREP) ;
- être âgé de plus de vingt ans :
toutefois, les
centres d'aide par le travail peuvent également accueillir les personnes
handicapées dont l'âge est compris entre seize et vingt ans ;
dans ce cas, la décision de la commission technique est prise
après avis de la commission départementale de l'éducation
spéciale ;
-
avoir une capacité de travail inférieure à un tiers
de la normale :
toutefois, la commission technique peut orienter vers des
centres d'aide par le travail des personnes handicapées dont la
capacité de travail est supérieure ou égale au tiers de la
capacité normale, lorsque leur besoin de soutien ou leurs
difficultés d'intégration en milieu ordinaire de travail ou en
atelier protégé le justifient. Elle peut prononcer pour les
mêmes raisons le maintien en centre d'aide par le travail d'un
travailleur handicapé qui aura manifesté, au terme de la
période d'essai, une capacité de travail supérieure.
Les CAT font partie, avec les CHRS, des établissements sociaux et
médico-sociaux qui sont financés par
l'aide sociale
obligatoire de l'Etat,
et donc sur des crédits budgétaires.
La dotation prévue pour 1999
(chapitre 46-23, article 10)
s'élève au total à
6,26 milliards de francs
et
fait l'objet d'une mesure nouvelle de 224 millions de francs qui
résulte pour partie de la création des 2.000 nouvelles
places (131 millions de francs, soit un coût unitaire de
65.500 francs par place) et pour partie d'un ajustement pour couvrir la
masse salariale (93 millions de francs).
•
Les ateliers protégés
Il convient de rappeler que les ateliers protégés et les centres
de distribution de travail à domicile constituent des unités
économiques de production dépendant d'associations ou
d'entreprises ordinaires. Ils mettent les travailleurs handicapés
à même d'exercer une activité professionnelle
salariée dans des conditions adaptées à leurs
possibilités. Ils doivent, en outre, favoriser la promotion des
travailleurs handicapés et leur accession à des emplois dans le
milieu ordinaire de travail.
Les ateliers protégés ne peuvent embaucher que les travailleurs
handicapés
dont la capacité de travail est au moins
égale au tiers de la capacité de travail d'un travailleur
valide.
Selon les nécessités de leur production, les ateliers
protégés peuvent embaucher des salariés valides dans la
limite de 20 % de leurs effectifs.
Les crédits inscrits au titre des ateliers protégés
s'élèvent à
165 millions de francs
en 1999.
Une mesure nouvelle de création de 500 places est prévue
comme les années précédentes, qui permettra de porter le
nombre de places ouvertes à 14.100 à la fin de 1999.
b) L'accueil dans des structures d'hébergement adaptés
Ces
établissements ne sont mentionnés ici que pour mémoire
dans la mesure où leur financement est assuré, non par le budget
de l'Etat, mais par l'assurance maladie, lorsque des soins sont assurés,
ou par l'aide sociale départementale lorsque l'établissement a
seulement une vocation d'hébergement.
Le dispositif des établissements sociaux ou médico-sociaux
accueillant des handicapés forme une sorte de
" constellation " à propos de laquelle l'encadré
ci-après s'efforce de fournir quelques points de repères.
Régime juridique et financier des différentes
catégories
d'établissements d'accueil des personnes
handicapées
Les
foyers de vie ou foyers occupationnels
pour personnes
handicapées sont des établissements médico-sociaux
accueillant toute la journée des personnes qui ne sont pas en mesure de
travailler mais qui, disposant d'une certaine autonomie physique ou
intellectuelle, ne relèvent pas des maisons d'accueil
spécialisées (MAS). En général, les foyers de
" vie " sont ouverts toute l'année et peuvent offrir un
accueil à la journée ou à temps complet.
Une équipe composée, en majorité, de travailleurs sociaux
et éventuellement de personnel médical et paramédical
assure le fonctionnement de la structure.
Les dépenses d'exploitation des foyers de vie sont prises en charge par
l'aide sociale départementale
sous forme de prix de
journée.
Les maisons d'accueil spécialisées (MAS)
sont des
établissements médico-sociaux recevant des adultes
handicapés qui ne peuvent effectuer seuls les actes essentiels de la vie
et dont l'état nécessite une surveillance médicale et des
soins constants.
Les soins constants, dont la personne admise dans une maison d'accueil
spécialisée a besoin, ne sont pas des thérapeutiques
actives ni des soins intensifs qui ne pourraient être dispensés
que dans un établissement de soins.
Il s'agit essentiellement d'une surveillance médicale
régulière avec recours au médecin, en cas d'urgence, et de
la poursuite des traitements et des rééducations d'entretien, des
soins de maternage et de nursing requis par l'état des personnes
accueillies.
Compte tenu de la lourdeur du handicap, le taux d'encadrement dans ce type
d'établissement est de un pour un. Il comprend du personnel
médical et paramédical permettant d'assurer la surveillance
médicale, du personnel nécessaire pour les aides et les soins
quotidiens d'entretien et de rééducation ainsi que du personnel
d'animation pour les activités occupationnelles et d'éveil.
Les MAS sont financées à 100 % par les organismes de
sécurité sociale, et par le biais d'un prix de journée.
Les foyers expérimentaux à double tarification pour adultes
lourdement handicapés (FDT)
sont destinés à
accueillir des personnes lourdement handicapées dont la
dépendance totale ou partielle, constatée par la COTOREP, les
rend inaptes à toute activité à caractère
professionnel, leur fait obligation de recourir à l'aide d'une tierce
personne pour la plupart des actes essentiels de l'existence, et
nécessite une surveillance médicale et des soins constants.
Les FDT sont financés par :
- les régimes d'assurance maladie, qui prennent en charge, de
manière forfaitaire, l'ensemble des dépenses afférentes
aux soins, personnels et matériels médicaux et
paramédicaux. Le montant maximum du forfait-soins a été
fixé primitivement à 250 francs, dans la limite de 45 % du
prix de journée global net. Pour 1998, son montant est de
362,77 francs ;
- l'aide sociale départementale, qui assume le coût de
l'hébergement et l'animation des établissements.
Les foyers d'hébergement pour travailleurs
handicapés
assurent l'hébergement et l'entretien des
travailleurs handicapés exerçant une activité pendant la
journée en centres d'aide par le travail, en ateliers
protégés ou en milieu ordinaire. Ils peuvent être publics
ou privés.
Une équipe composée de travailleurs sociaux assure l'encadrement
du soir et du week-end, des travailleurs hébergés au foyer. Les
prestations médicales sont assurées par des médecins
libéraux rémunérés à l'acte.
Les dépenses d'exploitation du foyer d'hébergement sont prises en
charge par l'aide sociale départementale sous forme de prix de
journée. Les travailleurs handicapés sont appelés à
contribuer à leurs frais d'hébergement et d'entretien.
Le nombre d'établissements et de places installées au titre de
l'hébergement des handicapés a augmenté au cours de ces
dernières années comme en témoignent les statistiques
suivantes :
|
Nombre de structures (au 1 er janvier) |
||||
|
1988 |
1990 |
1992 |
1994 |
1996 |
Foyers d'hébergement |
936 |
1.019 |
1.096 |
1.152 |
1.210 |
Foyers occupationnels |
347 |
472 |
606 |
718 |
831 |
Foyers à double tarification |
- |
- |
61 |
102 |
149 |
Maisons d'accueil spécialisées |
119 |
164 |
190 |
208 |
249 |
|
Nombre de places installées (au 1 er janvier) |
||||
|
1988 |
1990 |
1992 |
1994 |
1996 |
Foyers d'hébergement |
30.924 |
32.816 |
35.005 |
36.589 |
38.607 |
Foyers occupationnels |
13.808 |
17.428 |
20.752 |
24.422 |
27.500 |
Foyers à double tarification |
- |
- |
1.701 |
3.212 |
4.860 |
Maisons d'accueil spécialisées |
4.726 |
6.322 |
7.534 |
8.469 |
10.193 |
|
Nombre de personnes accueillies (au 1 er janvier) |
||||
|
1988 |
1990 |
1992 |
1994 |
1996 |
Foyers d'hébergement |
30.155 |
31.941 |
33.698 |
35.678 |
37.451 |
Foyers occupationnels |
13.459 |
17.073 |
20.464 |
23.939 |
27.024 |
Foyers à double tarification |
- |
- |
1.653 |
3.219 |
4.740 |
Maisons d'accueil spécialisées |
4.641 |
6.205 |
7.529 |
8.346 |
10.093 |
Source : Enquêtes ES 1996 - Ministère de
l'emploi et
de la solidarité - SESI - ST7 - Février 1997
Champ : France entière
Il reste que le financement des établissements de soins pour adultes
handicapés ne concerne pas directement le budget de l'Etat, mais celui
de l'assurance maladie. En 1999,
230 millions de francs
devraient
être dégagés sur l'enveloppe sociale et
médico-sociale, au sein de l'ONDAM, pour financer
1.100 places
supplémentaires en MAS et en FDT
, soit la première tranche du
programme pluriannuel de 5.500 places annoncé par le Gouvernement.
S'agissant des établissements d'accueil des adultes handicapés,
il importe d'évoquer les questions de l'amélioration de l'accueil
des autistes et de la résorption des effets de l'amendement, parfois
improprement appelé " amendement Creton ".
c) La mise en oeuvre des nouvelles dispositions relatives à l'autisme
Votre commission s'est toujours montrée sensible au
problème douloureux de l'amélioration de la prise en charge des
enfants, adolescents et adultes autistes.
Il n'est pas inexact de souligner que la France avait pris un certain retard
en ce domaine alors que la relation avec les personnes victimes de ce grave
trouble du développement de la communication nécessite une
attention spécifique.
De ce point de vue,
la loi du 11 décembre 1996 modifiant la loi du
30 juin 1975 relative aux institutions sociales et médico-sociales
et tendant à assurer une prise en charge adaptée de
l'autisme,
issue de la proposition de loi déposée par
notre collègue M. Jacques Machet, a marqué un tournant dans la
prise de conscience des
particularités du syndrome
autistique et
de l'utilité d'une
prise en charge pluridisciplinaire
.
Le Gouvernement s'est engagé, dans le cadre du nouveau plan
pluriannuel, à poursuivre l'effort entrepris depuis 1995 et qui avait
permis la création de 1.171 places nouvelles adaptées dans le
cadre des schémas régionaux pluriannuels sur l'autisme.
En 1999, une enveloppe de
100 millions de francs
supplémentaires
doit être dégagée au titre des
dépenses d'assurance maladie dans le cadre de mesures nouvelles et de
redéploiement afin de permettre le financement :
- de sections de MAS et de FDT pour les autistes,
- de sections d'instituts médico-éducatifs et de services
d'éducation spécialisée et de soins à domicile pour
les enfants et adolescents autistes,
- de centres interrégionaux de ressources et de diagnostic
précoce sur l'autisme.
Votre rapporteur rappelle qu'il importe particulièrement d'assurer
une détection précoce de l'autisme pour permettre la mise en
place d'une prise en charge de qualité, susceptible de faciliter
l'insertion sociale des autistes devenus adultes.
d) La résorption progressive des effets de l'article 22 de la loi du 13 janvier 1989 portant diverses dispositions d'ordre social
L'amendement " Creton " -qui devrait être
appelé amendement " Gillibert " du nom du ministre qui en
avait accepté l'adoption- résulte du I
bis
de
l'article 6 de la
loi d'orientation en faveur des handicapés du 30
juin 1975,
introduit par la
loi n° 89-18 du 13 janvier 1989 portant
diverses dispositions d'ordre social.
Celui-ci prévoit qu'un jeune adulte handicapé peut être
maintenu dans l'établissement d'éducation spéciale
au-delà de l'âge réglementaire s'il ne peut être
admis immédiatement dans un établissement pour adultes
handicapés désigné par la
commission technique
d'orientation et de reclassement professionnel
(COTOREP) ;
cette
décision s'impose à l'organisme ou à la
collectivité compétente pour prendre en charge les frais
d'hébergement et de soins dans l'établissement pour adulte
désigné par la COTOREP (...) ".
Bien que procédant d'une intention généreuse, -qui
était de limiter les ruptures de prise en charge des jeunes adultes-,
le dispositif n'a pas eu les effets attendus
dans la mesure où,
loin de susciter automatiquement la création de nouvelles places de CAT,
il a entraîné de véritables situations
" d'embouteillage " dans les établissements d'éducation
spécialisée. Ces derniers ont dû prendre en charge des
personnes handicapées adultes, que les personnels n'étaient pas
toujours prêts à encadrer, au détriment d'enfants
handicapés plus jeunes qui ne pouvaient accéder aux structures
qui leur étaient destinées.
La situation a été aggravée par les
multiples
contentieux
survenus entre les départements et les caisses
d'assurance maladie sur la nature des dépenses devant être prises
en charge.
Si la circulaire n° 95-41 du 27 janvier 1995, arrêtée
après concertation avec la CNAMTS et l'APCG, avait permis de lever une
bonne partie des difficultés techniques, une complication est à
nouveau intervenue à la suite de l'annulation de cette circulaire par un
arrêt du Conseil d'Etat du 9 juillet 1997.
La circulaire prévoyait notamment que le département verserait
à l'établissement accueillant l'adulte handicapé une
compensation
" sur la base d'un tarif moyen d'hébergement
constaté dans les foyers pour adultes lourdement handicapés du
département ".
Or, le Conseil d'Etat a considéré
que, sur ce point, la circulaire était contraire à la loi du 13
janvier 1989 qui dispose que la personne morale compétente supporte le
coût
" des frais d'hébergement et des soins effectivement
occasionnés ".
Pour 1999, le Gouvernement a transmis à votre rapporteur les
éléments d'information suivants.
Les premiers résultats de l'enquête annuelle recensant les
effectifs maintenus au titre de " l'amendement Creton " font
apparaître, notamment, qu'au 31 décembre 1997, environ
4.200
jeunes adultes
étaient encore concernés par ce dispositif.
Parmi eux, 1.170 personnes seraient titulaires d'une orientation en MAS ou FDT.
Par ailleurs, même si elles manquent de fiabilité, les estimations
pour 1997 concernant les listes d'attente, donnent des ordres de grandeur,
à savoir environ 5.400 demandes pour accéder aux MAS et aux FDT,
et 6.800 demandes pour les foyers occupationnels.
C'est la raison pour laquelle le Gouvernement a décidé un plan
pluriannuel de création de places pour adultes lourdement
handicapés (1999-2003) visant à créer 5.500 places de
MAS et de FDT.
Trois objectifs sont assignés à ce plan :
- résorber totalement la situation des jeunes adultes maintenus, faute
de places, en établissement d'éducation spéciale, de telle
sorte que le dispositif transitoire et d'exception que devait constituer
l'amendement dit " Creton ", tombe rapidement en
désuétude ;
- absorber, chaque année,
" tout en le
régulant "
, le flux de sortie normal des jeunes de ces
établissements ;
- faire bénéficier très largement les personnes inscrites
sur les listes d'attente des places nouvelles mais aussi des places
libérées par l'évolution des orientations et des sorties
de CAT.
Afin de mobiliser plus fortement les acteurs de terrain dans le cadre de la
réalisation de ce plan pluriannuel, une mission d'appui sera mise en
place. Elle aura pour tâche notamment d'aider les services
déconcentrés à définir des mesures adaptées
à leur situation en vue de réaliser les objectifs nationaux
qu'ils auront à décliner localement, d'opérer une
meilleure adéquation des équipements aux besoins recensés,
et, de façon générale, d'optimiser l'utilisation des
moyens dont ils disposent.
Pour ce qui concerne les incertitudes juridiques nées de l'annulation de
la circulaire précitée, le Gouvernement indique qu'il a
arrêté le principe d'une modification de l'article 6 de la loi
n° 75-434 du 30 juin 1975 qui autorisera la mise en place d'une
procédure de tarification forfaitaire dérogatoire (et provisoire)
au droit commun.
Enfin, le ministère souhaite conforter les bases juridiques de
création et de fonctionnement des structures pour adultes
handicapés, et notamment des FDT créés par une circulaire
ministérielle du 14 février 1986. Une telle démarche, qui
serait souhaitable pour lever l'un des obstacles au développement de
telles structures, devrait également être mise en oeuvre dans le
cadre de la révision de la loi n° 75-535 du 30 juin 1975 relative
aux institutions sociales et médico-sociales.
3. Faciliter l'accès à l'emploi des personnes handicapées
Les
mesures budgétaires prévues en faveur de l'emploi des personnes
handicapées s'impose d'autant plus que cette catégorie de la
population est fortement touchée par le chômage.
L'évolution du nombre de travailleurs handicapés demandeurs
d'emplois de catégorie 1 (personnes sans emploi, immédiatement
disponibles, tenues d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi
à la recherche d'un emploi à durée
indéterminée à plein temps) depuis 1990 est la suivante :
Il est
à noter qu'en juin 1995, la définition de la catégorie 1
des demandeurs d'emploi a été modifiée. Les personnes qui
travaillent plus de 78 heures dans le mois ne sont plus
enregistrées.
S'agissant de l'emploi, les mesures relatives au financement des places en
établissements spécialisés, CAT, ateliers
protégés, examinés ci-dessus, sont
complétées par diverses mesures.
a) La garantie de ressources des travailleurs handicapés
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Garantie
de ressources
|
4.420,06 |
4.782,51 |
4.712,50 |
4.981,60 |
5.199,51 |
Mesures nouvelles |
320,45 |
362,44 |
- 70,01 |
269,10 |
217,91 |
Evolution en % |
7,25 % |
7,58 % |
- 1,49 % |
5,40 % |
4,19 % |
Le
mécanisme de la garantie de ressources (GRTH) met à la charge de
l'Etat un complément de rémunération, versé aux
travailleurs handicapés exerçant une activité en CAT ou en
ateliers protégés et leur permettant d'obtenir une
rémunération globale équivalente à celle d'un
travailleur valide.
Depuis 1997, le fonds d'insertion des travailleurs handicapés,
financé par les contributions des entreprises et géré par
une association, l'AGEFIPH, assure le financement de la garantie de ressources
en milieu ordinaire, conformément à ses missions.
Le budget de l'Etat prend, pour sa part, directement à sa charge la
garantie de ressources due aux travailleurs employés en CAT ou en
atelier protégé.
Les moyens mobilisés à ce titre s'élèvent à
5,2 milliards de francs en 1999, soit une progression de 217,91 millions
de francs sur 1998.
Cette évolution correspond à l'ajustement de la dotation ainsi
qu'à l'incidence de la création de 500 nouvelles places d'accueil
en ateliers protégés et de 2.000 places nouvelles en centres
d'aide par le travail.
b) Les équipes de préparation et de suivi du reclassement EPSR et les organismes d'insertion et de placement (OIP)
Le
budget pour 1999 porte à 55 millions de francs le montant de la
subvention EPSR en 1999, soit une hausse de 3 % par rapport à la
dotation de 53,3 millions de francs prévue en loi de finances pour
1998.
Il convient de rappeler que les EPSR apportent leur soutien aux
handicapés en les aidant à surmonter les difficultés
personnelles ou sociales susceptibles de faire obstacle à leur
réadaptation, en leur procurant toutes informations utiles et en suivant
leurs démarches. Elles recherchent, par ailleurs, les institutions
susceptibles de fournir les moyens d'une insertion professionnelle, informent
et conseillent les entreprises.
Les EPSR publiques ressortent de la compétence des Directions
départementales du travail, de l'emploi et de la formation
professionnelle dont elles constituent un service administratif interne. Elles
ne disposent donc pas d'une personnalité juridique propre, de
financements particuliers autres que ceux dévolus par le
ministère de l'emploi et de la solidarité à l'ensemble de
ses services déconcentrés.
En revanche, les EPSR privées prennent la forme d'une association loi
1901. Elles sont alors financées directement par l'AGEFIPH et l'Etat
(chapitre 44-71, article 50) avec lequel elles concluent une convention portant
cahier des charges dont les clauses déterminent les missions
particulières qui leur incombent.
L'année 1998 a été marquée par
la question de la
révision à la baisse de la prise en compte des contrats
emploi-solidarité parmi les objectifs annuels de placement des EPSR.
Le 15 février 1994, le ministère du travail a signé une
convention avec l'AGEFIPH qui a conduit à fixer aux EPSR des objectifs
annuels de placement. Cette pratique a été
entérinée par la circulaire DE n° 95-32 du
11 septembre 1995. Pour l'exercice 1995, l'objectif des placements
limitait à 25 % le taux de contrats emploi-solidarité. Ce
quota a été réduit à 15 % pour les exercices
1996 et 1997.
Or, en 1998, les objectifs de placement ont purement et simplement exclu le
décompte des CES. Il apparaît surprenant de ne plus
préconiser le recours aux CES alors que les handicapés font
partie des catégories de population qui éprouvent beaucoup de
difficultés sur le plan professionnel.
Au demeurant, il a été rappelé, par la circulaire du 31
décembre 1997 relative à la mobilisation des contrats
emploi-solidarité, que ces contrats ont pour vocation première de
faire office d'un véritable " sas vers l'emploi
pérenne " pour les personnes qui ne sont pas susceptibles d'occuper
un emploi ordinaire, aidé ou non, ou de suivre une formation
qualifiante. Cette politique de recentrage ne peut que bénéficier
aux personnes handicapées.
Le ministère souligne que cela implique le passage d'une gestion
à dominante administrative à une sélection active et
personnalisée des entrées en CES en mobilisant, aux
côtés du service public de l'emploi, les structures
spécialisées de placement. Suivant en cela les dispositions de la
circulaire du 11 septembre 1995, il a paru important de recentrer la
mission des EPSR et OIP vers le placement des travailleurs handicapés en
milieu ordinaire de travail sur des contrats de travail durables (y compris les
CEC). C'est la raison pour laquelle le comité de pilotage national
institué par la convention Etat-AGEFIPH avait limité à
15 % la proportion de CES dans les objectifs fixés aux organismes
de placement, considérant que les CES constituent une étape du
parcours d'insertion et non une solution d'emploi durable. Toutefois, ce quota
a lui-même été supprimé par décision du
comité de pilotage national en 1998.
Le Gouvernement précise toutefois que, compte tenu de
l'intérêt réel du placement de certains travailleurs
handicapés dans le secteur non marchand, et afin de mieux tenir compte
des actions des EPSR et OIP en faveur des personnes handicapées qui ne
peuvent occuper un autre emploi marchand, sans pour autant départir ces
structures de leur objectif de placement durable, il apparaît que
des
objectifs complémentaires de placement en CES pourraient être
fixés
en limitant l'étude des résultats aux CES
conclus en faveur des travailleurs handicapés les plus
éloignés de l'emploi, conformément aux orientations du
Plan national d'action pour l'emploi.
Votre commission ne peut que souhaiter que ces objectifs
complémentaires soient fixés le plus rapidement possible.
Par ailleurs, votre rapporteur a été récemment
informé que Mme Martine Aubry aurait annoncé, le 26 novembre
dernier, devant le Conseil supérieur des travailleurs handicapés,
que le financement des EPSR serait assuré dès 1999 par l'AGEFIPH.
Si tel était le cas, il s'agirait d'un élément nouveau
qui n'a pas été annoncé lors de la présentation du
budget et qui mériterait des explications complémentaires en
séance publique.