2. Plus encore que le recrutement, la fidélisation de personnels formés est à considérer avec attention.
Pour l'armée de terre, les départs subis (à l'initiative des militaires) constatés, sont inférieurs aux prévisions. Ils concernent majoritairement la population des militaires du rang (MDR) pendant le premier contrat. Le taux de conservation d'une cohorte d'engagés volontaires servant au-delà du premier contrat est inférieur à l'objectif visé. Cela conduit par ailleurs l'armée de terre à maintenir une politique de recrutement très dynamique caractérisée par des volumes conséquents.
De plus, afin de rendre plus attractive la deuxième partie du parcours professionnel pour les militaires du rang engagés, l'armée de terre facilite désormais la prolongation au-delà de 11 ans puis de 17 ans et demi de services. Les estimations pour l'année 2011 montrent des taux de départs subis globalement en diminution par rapport à 2010 (cette amélioration s'est confirmée au 30 juin). Cette situation résulte d'une politique d'aide aux départs ciblée et d'une tendance à la stabilisation, puisque les départs dus aux restructurations devraient décroître, en particulier pour la population des sous-officiers. En revanche, le taux des départs subis parmi les officiers, prévu en 2011 (1,5 %), est légèrement supérieur au taux constaté en 2010 (1,2 %). L'année 2011, comme l'année 2010, est marquée par une mobilité importante des militaires du rang dans le cadre des restructurations.
Pour la marine nationale, et plus particulièrement pour les officiers, le taux d'attrition concerne essentiellement les officiers sous contrat de la filière « état-major ». Leurs contrats, d'une durée initiale de quatre ans, sont proposés sur appel d'offres pour des spécialités ne demandant pas de formation initiale spécifique. Ils sont destinés à de jeunes diplômés afin de leur permettre d'acquérir une première expérience professionnelle en adéquation avec leur formation universitaire.
Pour l'armée de l'air, le taux d'attrition des jeunes recrues au cours de la première année d'engagement est plus élevé depuis 2008. Ce taux dépasse 13 % pour les sous-officiers et approche 25 % pour les militaires du rang.
Pour le service de santé des armées, les difficultés persistent principalement pour les spécialités sensibles ou concurrentielles (médecins radiologues, anesthésistes-réanimateurs, infirmiers en soins généraux, cadres de santé...) du fait de la concurrence du secteur civil.
Le service des essences des armées conduit un recrutement préférentiel au sein du ministère de la défense et des anciens combattants, ce qui limite fortement le taux d'attrition. Cette population n'est ainsi comptabilisée ni pour le taux d'attrition, ni pour le taux de renouvellement de contrat.
Au-delà de la période probatoire, la fidélisation des militaires du rang contractuels connaît une évolution préoccupante.
Pour l'armée de terre, le taux de renouvellement des premiers contrats se situe à hauteur de 69 % avec néanmoins des disparités entre les catégories. Ainsi, le taux de renouvellement des militaires du rang engagés est de 60,5 % alors que celui des sous-officiers est de 84 %. Enfin, en 2010, le taux de renouvellement des contrats des officiers était de 69 % et passera à 66 % en 2011.
L'âge moyen de départ des militaires du rang ne cesse de baisser (au bout de 7 ans), les carrières sont de plus en plus courtes car il devient difficile de fidéliser ce type de personnel. Comme il constitue le coeur des unités de l'Armée de Terre, ce « turnover », de l'ordre de 15 %, devient une contrainte qui explique qu'une compagnie sur quatre est en formation.
Les Armées, et plus particulièrement l'Armée de Terre, ont besoin d'un équilibre entre le recrutement permanent d'un personnel jeune et le coût que représentent ce recrutement et la formation du personnel. Aujourd'hui, l'Armée de Terre recrute 13 000 personnes chaque année et on constate un essoufflement de la formation permanente d'un personnel qui est de moins en moins fidélisé.
Pour tenter d'enrayer ce phénomène, l'Etat-major de l'armée de terre a décidé de mettre en place des centres de formation initiale des militaires (CFIM) à destination des recrues pour optimiser les moyens et pour veiller à la stricte orthodoxie en matière de délivrance de la formation.
La montée en puissance des 12 Centres de Formation initiale militaire (CFIM) créés depuis l'été 2010 a permis d'obtenir des résultats encourageants dans le domaine de l'attrition, tout en garantissant l'orthodoxie de l'instruction et de l'éducation dispensées à nos jeunes soldats par des cadres mieux sélectionnés et mieux formés. Le taux d'attrition pendant les quatre premiers mois d'incorporation est descendu à un niveau situé entre 6 % et 14 % suivant les centres.
Par ailleurs, dans le cadre du plan égalité des chances, un partenariat plus étroit est en train d'être institué avec les établissements professionnels d'insertion de la défense (EPIDE) pour permettre une meilleure intégration des jeunes en difficulté.
Le pourcentage de marins dont le contrat est renouvelé reste relativement constant depuis plusieurs années. Il se situe autour de 75 %. S'agissant des engagés, les taux de renouvellement estimés sont de 79 % en 2010 et de 77 % en 2011.
Au sein de l'armée de l'air, la fidélisation des jeunes officiers (97 % de renouvellement) se stabilise à un niveau très satisfaisant. Dans un contexte d'incertitudes dues aux réformes, le taux de fidélisation des jeunes sous-officiers (85 %) reste satisfaisant, mais il baisse depuis 2008 (91 %). Les réorganisations, dans le cadre notamment de la révision générale des politiques publiques, ont réduit le besoin en militaires du rang, ce qui induit une plus forte sélection dès le premier contrat pour cette catégorie.
Après une phase de décroissance en 2008, le service de santé des armées a mené une politique de recrutement au cours des années 2009 et 2010 afin d'honorer les besoins liés au contrat opérationnel. S'agissant des sous-officiers soignants, l'augmentation du taux
Plus que jamais la fidélisation devient un enjeu de la qualité de notre outil de défense. Sans doute les restructurations en cours ont un impact négatif sur le renouvellement des contrats. Mais il y a également des causes plus structurelles qu'il convient d'analyser si l'on veut fidéliser les jeunes recrues.