SÉANCE
du mercredi 13 octobre 2021
5e séance de la session ordinaire 2021-2022
présidence de M. Gérard Larcher
Secrétaires : Mme Françoise Férat, M. Joël Guerriau.
La séance est ouverte à 15 heures.
Le procès-verbal de la précédente séance, constitué par le compte rendu analytique, est adopté sous les réserves d'usage.
Hommage à Hubert Germain
M. le président. - C'est avec une profonde émotion que nous avons appris la disparition d'Hubert Germain, dernier compagnon de la Libération, qui vient d'entrer dans l'histoire. (M. le Premier ministre, Mmes et MM. les ministres et Mmes et MM. les sénateurs se lèvent.)
Il fut le dernier membre de « cette chevalerie exceptionnelle, créée au moment le plus grave de l'histoire de France, fidèle à elle-même, solidaire dans le sacrifice et dans la lutte », selon les mots mêmes du Général de Gaulle.
Fils d'un officier général issu des troupes coloniales, Hubert Germain naît le 6 août 1920 à Paris. Il prépare le concours de l'École navale au lycée Michel de Montaigne de Bordeaux au moment de la déclaration de guerre.
Après la défaite, décidé à continuer le combat, Hubert Germain rejoint l'Angleterre depuis Saint-Jean-de-Luz. Après avoir rencontré le Général de Gaulle à l'Olympia Hall, il s'engage immédiatement dans les Forces françaises libres.
Au printemps 1941, il est affecté, en Palestine, à la célèbre Première division française libre. Il participe à la campagne de Syrie. En février de l'année suivante, il rejoint la treizième demi-brigade de Légion étrangère. Il participe à la bataille de Bir Hakeim, au côté du père de notre collègue Pierre Frogier, clairon du bataillon du Pacifique. Il prend part aussi à la bataille d'El Alamein, puis à la campagne de Tunisie.
Le 24 mai 1944, pendant la campagne d'Italie, il est gravement blessé près de Monte Cassino. Évacué à Naples, il est décoré de la Croix de la Libération par le Général de Gaulle.
En août de la même année, il participe au débarquement de Provence, puis aux combats de la Première armée française.
Après la guerre, il devient aide de camp du général Koenig, commandant des Forces françaises d'occupation en Allemagne.
Ce soldat exemplaire s'engage ensuite dans la vie politique, au service de ses concitoyens. Maire de Saint-Chéron, dans l'ancienne Seine-et-Oise, puis député du treizième arrondissement de Paris, il devient ministre des postes, télégraphes et téléphones puis ministre chargé des relations avec le Parlement dans les gouvernements de Pierre Messmer.
À partir de 2010, Hubert Germain est membre du Conseil de l'Ordre de la Libération. Il est également pensionnaire de l'Institution nationale des Invalides à Paris. Le général Thierry Burkhard, nommé chef d'état-major de l'armée de terre, lui rend visite le jour même de sa prise de fonction. Par décret du 25 novembre 2020, Hubert Germain est nommé chancelier d'honneur de l'Ordre de la Libération.
Le 11 juin dernier, anniversaire du dernier jour de la bataille de Bir Hakeim, une cérémonie est organisée en son honneur, sous ses fenêtres, aux Invalides.
Le 11 novembre prochain, Hubert Germain, le dernier des 1 038 Compagnons de la Libération, sera inhumé dans la crypte du mémorial de la France combattante, au Mont Valérien, où le dernier caveau du mémorial l'attendait, conformément au souhait du Général de Gaulle. Il y rejoindra ses 16 premiers compagnons, dont certains tombèrent à ses côtés à El Alamein ou en Italie.
Hubert Germain n'a cessé de résister. À plus de cent ans, il déclarait : « Quand le dernier d'entre nous sera mort, la flamme s'éteindra, mais il restera toujours des braises. Et il faut en France des braises ardentes ! »
Je vous demande d'observer une minute de silence en hommage à Hubert Germain et à l'ensemble des Compagnons de la Libération. (M. le Premier ministre, Mmes et MM. les ministres et Mmes et MM. les sénateurs observent une minute de silence.)