Hommage à M. Jean-Claude Gaudin, vice-président du Sénat
M. Gérard Larcher, président du Sénat . - Je n'ose m'appuyer sur l'article 36, alinéa 3 de notre Règlement. (Rires) Ce ne sera donc pas un rappel au Règlement mais un rappel à la fidélité et à l'amitié. Au nom de tous les sénateurs qui ont partagé avec vous toutes ces années, c'est ce que nous vous devons, cher Jean-Claude Gaudin.
Vous avez choisi de demeurer, en application de la loi, maire de cette ville qui vous est tout, qui vous est chère, Marseille. Celui qui n'a pas traversé Marseille dans la voiture de Jean-Claude Gaudin, vitres baissées, entendant les passants lancer « Bonjour monsieur le maire ! », n'a pas connu le lien entre un maire et sa cité, ce lien charnel, viscéral, celui du potier à la terre qu'il façonne.
Ministre, conseiller régional, président de région, conseiller général, député, sénateur, président de groupe, vous avez exercé toutes les fonctions mais c'est votre ville qui vous est essentielle. Vous avez refusé certaines de mes propositions car : d'abord Marseille ! Marseille, et sa métropole, dans laquelle vous vous êtes ô combien engagé, c'est vous-même.
Puisqu'une réflexion institutionnelle nous attend, je propose de constitutionnaliser le mode de votation que vous avez créé, quand, présidant nos séances, vous disiez « je consulte le Sénat du regard » - et tiriez de cela les conclusions que vous souhaitiez ! (Rires) Le regard de Jean-Claude Gaudin nous manquera mais il ne nous quittera pas, ce regard venu du bord de la Méditerranée, avec cette fidélité à son pays, à son engagement et à nos institutions. Merci, président Gaudin ! (Mmes et MM. les sénateurs et M. le ministre se lèvent et applaudissent longuement.)
M. Jean-Claude Gaudin, vice-président du Sénat . - Après avoir passé plus de trente-neuf ans au Parlement, dont vingt-huit au Sénat et quinze comme vice-président, j'arrive à la dernière séance. Je ne m'attendais pas à votre rappel au Règlement, monsieur le président !
Je veux vous dire toute la joie, le bonheur, l'honneur que j'ai eus d'être parmi vous. Au moment où les femmes et hommes engagés dans la vie publique sont injustement critiqués, je suis fier d'avoir été parmi vous. Alors que beaucoup de responsables politiques ont fait de grandes écoles ou peuvent se prévaloir de titres universitaires, ici nous sommes nombreux à avoir gravi un à un les échelons de la vie démocratique et obtenu le sacrement du suffrage universel. C'est ici que j'ai appris le droit constitutionnel, et plus encore le respect du parcours politique de chacun.
J'ai décidé en effet de rester à Marseille où je siège au conseil municipal depuis cinquante ans. (Marques d'admiration) J'ai pour vous tous un immense respect et beaucoup d'amitié. Vous êtes des élus exemplaires de la République. Allez : Vive le Sénat ! et Vive la République ! (Applaudissements nourris et prolongés sur tous les bancs)