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Question de Mme Anne Souyris (Paris - GEST) publiée le 16/05/2024

Question posée en séance publique le 15/05/2024

M. le président. La parole est à Mme Anne Souyris, pour le groupe Écologiste - Solidarité et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)

Mme Anne Souyris. Ma question s'adressait à Mme la ministre de la culture.

Dimanche dernier, l'ensemble des organisations syndicales représentatives de Radio France appelaient à la grève, pour la liberté d'expression. Leur inquiétude est justifiée par une suite d'événements troublants, dans un contexte de montée de l'extrême droite, de politiques liberticides et de répression des manifestations, notamment étudiantes, au sein même de nos universités, dans notre pays et en Europe. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

D'abord, l'humoriste Guillaume Meurice est suspendu par la direction de Radio France pour des propos tenus à l'antenne. (Nouvelles exclamations sur les mêmes travées.) S'ils interrogent, ces propos n'ont pas fait l'objet d'une condamnation par la justice - au contraire, la plainte a été classée sans suite.

M. Roger Karoutchi. Pas pour les mêmes raisons !

Mme Anne Souyris. Ensuite, Mme Dati présente un projet de réforme de l'audiovisuel public, une sorte de « fusion-acquisition » des médias publics. Lundi dernier, madame la ministre, un député de votre majorité s'en inspirait et proposait de remplacer France 24 - elle rassemble 140 millions de téléspectateurs sur cinq continents et propose des programmes en quatre langues - par France Info, dont le service, certes, est de grande qualité, mais dont l'audience reste discrète.

« En même temps », les directions des médias publics proposent un virage éditorial et suppriment des programmes majeurs comme Vert de rage, Planète bleue, Le pourquoi du comment : économie et social et La Terre au carré, autant de programmes sur l'environnement qui n'ont probablement pas beaucoup d'intérêt pour certains...

Après tout, « qui aurait pu prédire la crise climatique ? » Je ne vous le demanderai pas ! (Sourires sur les travées des groupes GEST, SER et CRCE-K.) Qui aurait pu prédire la crise démocratique et climatique ?

Madame la ministre, je vous rappelle que la démocratie est vivante quand elle est plurielle. Oui, les médias publics sont puissants quand ils sont libres de s'exprimer.

Madame la ministre, comment allez-vous garantir le pluralisme et la liberté d'expression des médias publics, donc la démocratie elle-même, avec cette réforme ? (Applaudissements sur les travées du groupe GEST, ainsi que sur des travées des groupes SER et CRCE-K.)

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Réponse du Ministère auprès du Premier ministre, chargé du renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement publiée le 16/05/2024

Réponse apportée en séance publique le 15/05/2024

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée du renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement.

Mme Prisca Thevenot, ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée du renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement. Madame la sénatrice Souyris, je vous prie d'excuser la ministre de la culture qui ne peut pas être présente aujourd'hui.

Vous avez souligné l'importance de l'audiovisuel public. Nous devons en effet le renforcer, car il fait face à deux défis majeurs : d'une part, une concurrence exacerbée, également à l'international, d'autre part, la défiance de plus en plus importante à l'égard de l'information.

Dans ce cadre, un projet de loi a été présenté, débattu et voté hier en commission à l'Assemblée nationale. Ce texte ne vient pas de nulle part, il s'inspire directement de travaux parlementaires, qu'il s'agisse du rapport d'information de MM. Gattolin et Leleux, de celui de MM. Karoutchi et Hugonet ou de celui de MM. Gaultier et Bataillon. Tous veulent la même chose : conserver un audiovisuel puissant, fort et indépendant. Nous devons donc continuer à être respectueux de cet audiovisuel et à travailler ensemble sur tous ces enjeux.

Madame la sénatrice, je tiens à le dire, je suis assez étonnée de vous entendre évoquer un risque pour la liberté d'expression et la pluralité d'expression d'opinions dans notre audiovisuel en général. S'il y a un risque, il vient de certains de vos alliés à l'Assemblée nationale (Exclamations sur les travées des groupes GEST, SER et CRCE-K.), qui, pas plus tard qu'hier, appelaient à supprimer les éditorialistes et à menacer la liberté d'opinion. (Marques d'approbation et applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.)

Charité bien ordonnée commence par soi-même ! (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

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