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Question de M. Christophe-André Frassa (Français établis hors de France - Les Républicains) publiée le 08/02/2024

M. Christophe-André Frassa attire l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur l'importance indéniable de l'enseignement des langues étrangères dans le contexte académique et professionnel andalou, espagnol et européen. L'exigence de certifications académiques en langues pour accéder aux emplois est une réalité et le manque d'enseignement adéquat a un impact direct sur la participation des étudiants et des programmes internationaux tels que ERASMUS. Si le plurilinguisme n'est pas encouragé dès le plus jeune âge dans l'éducation publique, les opportunités en seront réduites, affectant la construction solide d'une société européenne multiculturelle et multilingue.
Il ne peut cependant que constater la situation devenue alarmante des professeurs du programme Français Langue Étrangère (FLE) en Andalousie.
Il lui rappelle que, dans cette région, la seconde langue étrangère (principalement le français) est proposée en option à toutes les étapes éducatives, ne faisant pas partie du groupe des matières principales. Cependant, en Andalousie, qui était en tête de l'Espagne en 2018 en matière d'enseignement des langues étrangères, le FLE a été réduit à 1 heure par semaine dans le dernier cycle de l'école primaire et à 2 heures par semaine dans la première année du collège (classe équivalente à la 5ème).
Il déplore que cette situation laisse l'enseignement du français à la discrétion des établissements éducatifs et dépendant d'un nombre minimum d'élèves intéressés. De plus, la suppression de la matière en terminale contraste avec le fait que le français continue d'être une matière dont les notes servent de pondération dans les examens d'accès à l'université.
Il souligne que cette situation affecte non seulement les étudiants, qui sont privés de la possibilité d'étudier le français de manière continue à l'école publique (et doivent avoir recours à des académies privées avec les frais qui en découlent), mais qu'elle entraîne également des répercussions sur des centaines d'enseignants. Ces professionnels se retrouvent exclus du système étatique d'enseignement, faisant face au chômage et à un avenir incertain. Comme mentionné précédemment, le manque d'heures consacrées à l'enseignement du français a laissé des centaines d'enseignants au chômage, dans des listes d'enseignants temporaires sans postes à pourvoir, ou bien déplacés vers d'autres établissements en raison du manque d'heures disponibles voire, finalement, à l'enseignement d'autres matières.
Ni les accords européens, ni la charte européenne du plurilinguisme, ni les accords franco-espagnols, ni la compétence plurilingue prévue par la législation espagnole en matière d'éducation (loi organique 3/2020 du 29 décembre 2020 modifiant la loi organique 2/2006 du 3 mai 2006, dite LOMLOE) ne semblent en l'espèce respectés. Et cela ferme la porte à la culture et à la langue françaises dans le système éducatif public espagnol et plus particulièrement au niveau régional, en Andalousie.
En conséquence et dans le but de surmonter une possible crise éducative, il demande qu'une mission soit diligentée afin d'évaluer l'application de l'ensemble des accords de l'Union européenne signés en 2002, ainsi que les successifs accords franco-espagnols.
Par ailleurs, il souhaite connaître les instructions que le ministère de l'Europe et des affaires étrangères a données aux représentations diplomatiques et consulaires afin de sensibiliser le gouvernement fédéral espagnol et le gouvernement andalou concernant cette situation alarmante.

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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 30/05/2024

La baisse de l'enseignement du français en Andalousie fait suite à une décision du gouvernement andalou qui a mis fin en 2019 à une situation unique en Espagne : l'enseignement d'une deuxième langue obligatoire sur plusieurs niveaux. Ce choix politique a eu des répercussions sur le nombre d'enseignants contractuels de français, qui ont perdu leur emploi, et sur le volume horaire hebdomadaire dédié à l'enseignement de la seconde langue vivante. Aujourd'hui, en Andalousie, conformément à l'application de la loi organique 3/2020 du 29 décembre 2020 dite LOMLOE, la 2e langue (LVB) est proposée comme option, qui doit être obligatoirement offerte aux élèves pour les années de collège mais en concurrence avec d'autres options. L'Andalousie a fait le choix de conserver dans le tronc commun l'enseignement de la LVB pour les deux dernières années de primaire et en première année de collège. Pour les années de lycée – Bachillerato - la LVB est proposée en option. Des démarches communes ont été conduites auprès des plus hautes autorités du pays par les ambassadeurs de plusieurs pays européens pour sensibiliser les autorités nationales et régionales à cette situation. Interrogée par les ambassadeurs d'Allemagne, de Belgique, de France, d'Italie, du Portugal et de Suisse, la ministre espagnole de l'Education a répondu, dans un courrier daté du 2 août 2022, qu'elle était convaincue que le plurilinguisme était une condition nécessaire et un outil privilégié pour créer l'espace européen de l'éducation. Selon elle, la loi LOMLOE s'inscrit pleinement dans le cadre des recommandations européennes en matière de plurilinguisme dans la mesure où elle rend obligatoires à la fois l'apprentissage d'une première langue étrangère et l'offre d'une deuxième langue parmi d'autres matières optionnelles. De nombreuses démarches ont également été effectuées par les représentants français sur place auprès des autorités locales. Un travail de sensibilisation et de conviction aux enjeux du plurilinguisme a ainsi été mené auprès des Conseillers éducation des 17 communautés autonomes qui composent le pays et qui jouissent d'une grande autonomie dans le secteur éducatif. Quatre rencontres à haut niveau ont eu lieu ces trois dernières années pour la seule communauté autonome d'Andalousie. Par ailleurs, l'attaché de coopération pour le français en charge de la zone et les services éducatifs de la communauté rencontre régulèrement les autorités. Bien que l'enseignement du français langue étrangère soit en recul en Andalousie, plusieurs motifs de satisfaction demeurent : le nombre d'apprenants de français reste le plus élevé de toutes les autres communautés avec 500 290 élèves (chiffres 2022), ce qui représente 39,2 % du nombre total des apprenants de français en Espagne. Par ailleurs, 8 207 candidats se sont présentés aux diplômes de langue française en 2023, soit 25 % du total des candidats, ce qui fait de l'Andalousie la première région du pays en matière de certifications en langue française. En outre, en Andalousie, 8 établissements préparent leurs élèves au double-diplôme Bachibac (un établissement dans chaque capitale de province). Enfin, on constate une augmentation du nombre d'établissements scolaires proposant les dispositifs d'excellence de l'enseignement du français que sont les filières bilingues labélisées LabelFrancEducation : de 27 établissements en 2020 à 37 en 2023, l'Andalousie est ainsi la communauté ayant le plus d'établissements labellisés (119 établissements au total en Espagne, soit le premier réseau au monde).

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